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Digressions de Kelora #1

Dernière mise à jour : 29 juin

Ça sera le troisième article que j'écris sans les poster. Vous me pardonnerez le méli-mélo d'informations, j'avais juste envie de faire le bilan de mes pensées et j'ai l'orgueil de croire que ça pourrait être intéressant.


Une pensée m'a traversé l'esprit, un jour, quand j'étais en train de travailler. Ce n'était rien de plus qu'une vague idée, sans exemple, sans véritable réflexion derrière : faire croire que le RP a vraiment eu lieu.


Souvent, des détails apparaissent quand un évènement est raconté par un personnage et qu'il s'est déroulé en RP. Il prend forcément en profondeur et se retrouve plus impactant. À défaut, dans le cadre des campagnes, certains RP sont passés en off, ne se déroulent pas, et deviennent des extractions de bribes d'informations. Il devient alors très facile de pouvoir deviner ce qui a eu lieu de ce qui n'a pas eu lieu, tout comme du lore d'un personnage qui se résume à quelques extraits bien choisis.


Pourtant, de mes souvenirs inexacts ressortent des informations étrangement précises sur des détails qui ne font aucune importance : je me souviens, de mes études, davantage les arbres de la fenêtre que du visage de mes professeurs. Ce n'était pas par manque d'attention, et l'exemple est peut-être biaisé parce qu'il m'est difficile de me souvenir des visages. Je me souviens aussi plutôt les claquettes de mon professeur, en plein hiver, et de l'avoir vu en baskets quand il arrivait. Ça avait étrangement participé à me rendre agréable un professeur de mathématiques que, à cette époque, j'avais en horreur.


Et voilà, mes personnages n'ont rien de particulier quand il s'agit de leur professeur : ils les aimaient ou ne les aimaient pas. Ils ne l'ont pas vécu, je leur ai juste donné cet élément. Rien n'a moins de sens pour un personnage qu'on voudrait rendre réaliste que ça. On ne va pas se cacher qu'avec plus de 150 personnages, il devient compliqué de trouver pour chacun d'entre eux un fragment de vie détaillé : la quantité en dépit de la qualité. Sans parler du risque, quand je les détaille, à de plus en plus les assimiler à ma personne.


Tous les personnages ont des fragments de nous, dans leur mauvaise humeur ou dans leur silence quand la journée était médiocre, dans leur manière de s'amuser d'un rien quand la journée était bonne. De l'impulsion nécessaire à l'imaginer, le créer : une phrase pour commencer. Cette phrase leur est donnée, puis, ils attendent. Ils attendent de devenir davantage ou autre chose, comme pour l'écriture, on attend l'inspiration qui ne viendra jamais.


Parfois, elle vient, on regarde un film, on écoute un podcast et il y a cette envie de réinterpréter ce que l'on a vu. La relique de Ruhani est un exemple typique : la relique et les prêtres apparaissent dans la série Evil que je consomme, l'archiviste à l'allure de berger change de style parce que j'ai écouté Astier raconter une histoire.


Des fois, je dois la chercher. Je sais que je dois raconter quelque chose, essayer d'extraire un intérêt de quelque chose qui m'en semble dénué, intervient les Murmil où j'étais en pleine panne d'inspiration.


Enfin, elle apparaît, s'en va, revient et fait des allers-retours incessants : le Casadeus.

C'est le jeu du chat et de la souris, je suis le chat et l'inspiration se fait Jerry pour toujours plus se moquer de moi.


Combien de fois, je n'ai pas lu que l'inspiration apparaît, que certains l'attendent, combien de fois ne l'ai-je pas dit dès que c'était important pour moi ? Bien trop. Et en grande partie, c'est que j'attends un déclic que je ne cherche pas à créer.


Par exemple, mon projet d'écriture personnel est resté au point mort depuis plus longtemps que je voudrais bien l'admettre. L'histoire a fini par me paraître insuffisante : autant ne pas essayer vraiment, et ne pas abandonner, figer l'idée dans un état Schrödinger. Tant que je n'abandonne pas, elle existe, tant que je n'écris pas, je ne l'abandonne pas. Voilà l'affaire bien avancée.


Alors, coincée par manque d'inertie, j'ai attendu la lumière d'inspiration providentielle qui n'a jamais daigné montrer le bout de son nez, j'ai lu pour compenser des histoires que je jugeais sur la manière d'être écrites, bien en peine ne serait-ce que d'écrire une ligne satisfaisante. J'ai même lu des ouvrages qui me parlaient de scénarios, d'écriture et même des bouquins de marketing parce que je me suis plantée dans ma commande. En résumé : j'en chiais et je me complaisais dans la page blanche. Jusqu'au moment où j'ai arrêté d'attendre, j'ai commencé à la chasser.


J'ai essayé sur ordinateur et après avoir regardé quinze vidéos de chat, j'ai compris qu'il n'était pas mon allié, pas encore.


J'ai pris mes plus beaux stylos, un carnet, fuis mon PC et mon téléphone, et je me suis posée devant la fameuse page blanche. D'abord, j'ai écrit quelques lignes, mais même là, ça ne venait pas, il me manquait quelque chose. Bon, très bien, l'histoire prend en compte de nombreux personnages, je dois vérifier une information. Téléphone en main, 15 vidéos de chats plus tard, j'ai retrouvé l'information. Je reprends cette fois le plan, je recopie ce que j'avais déjà écrit et je trouve ça mauvais. Je raye, je rature, je me rends compte que le fond de mon histoire ne tient pas. Je fais donc un schéma avec mes personnages et les liens, et là, je me demande si je ne ferai pas une tentative d'assassinat. Tiens, tiens, tiens, qui voilà ? Elle a montré le bout de son nez, elle est là, mais je ne suis pas prête. Je note l'idée, je me sens envahie par une force divine de pouvoir écrire l'histoire d'un jet - alors que ce n'est pas original pour un sou. Une ligne, deux lignes. Je manque de fond. Ou d'originalité. J'en reviens au plan, et du plan, je repars sur le lore. C'est vrai que je n'ai pas la date précise du début d'une bataille importante. Je réécris du lore, je reprends le détail de chaque chose. J'établis un camp de plus que je n'avais pas pris en compte, j'en reviens à mon schéma. Une autre idée fleurit. Je la note.


Et à chaque fois, je les note, chaque idée que cet exercice de chasse m'impose, j'en ferai quelque chose ou rien, mais elles sont là, elles viennent de l'inspiration, tirées d'une chanson, d'un film, d'une actualité ou de rien du tout. Je ne sais pas précisément, mais je sais que je n'invente rien, je me contente de réinventer. Chaque idée est un mot, mon rôle est de la glisser dans une phrase que je n'ai jamais lue, dans un paragraphe que je n'ai jamais deviné, et ainsi de suite.


Ensuite, j'ai envie d'avancer, mais je suis interrompue. L'instant a glissé, mais j'ai la solution, j'ai le remède au manque d'inspiration. La prochaine fois, je serai prête. La prochaine fois ne sera que lorsque j'aurai décidé d'avancer. Mais en attendant, tout est prêt pour recevoir une nouvelle idée qui s'ajoutera aux suivantes.


Tout ça se lie à l'effet Zeigarnik, le principe assez connu qu'une tâche inachevée retient davantage la mémoire qu'une tâche achevée. Il a démontré, et franchement la plupart des articles s'en sont emparés, ce qui fait énormément de choses pour les plus curieux que je ne répéterai pas.


Donc si j'ai une idée, je peux l'oublier, auquel cas tout va bien. Dans le pire des cas, elle va me rester en tête. Pourquoi le pire ? Parce qu'essayer d'imaginer un paragraphe en pensant continuellement au même mot est une lie, elle retient et accapare toute potentielle nouvelle idée. Comme si toute l'histoire des Casadeus tournait autour du Père des Pactes, sans autres digressions, sans la présence du Jumeau, qui fait aujourd'hui bien plus d'importance que les autres. Et ça aurait pu être le cas, le Havre Sombrevenin n'existerait pas, pas plus que les Sylpherines.


Il n'y a pas de moments eurêka où l'inspiration frappe sans offrir un terrain propice. L'inspiration n'est pas un phénomène divin, il n'est que le moment où nos processus cognitifs en arrivent à un point donné.


Elle demande un certain travail que la flemme tentera toujours et à tout prix d'arracher, le processus cérébral dans le daydreaming n'est pas à proprement la créativité. Il ne se base que sur des informations morcelées, il offre un moment formidable - ça va sans dire. Mais si j'en crois l'institut du cerveau, deux régions cérébrales sont majoritairement impliquées, la première provient du contrôle cognitif qui sert à contrôler les pensées, les comportements. Le second, du réseau "par défaut" qui est le daydreaming, la cognition spontanée.


L'idée qui jaillit pourrait être un diamant, mais sans le polir, sans l'organiser, il ne devient qu'un bout de charbon. Un mot seul pour résumer une belle histoire. Tout comme une phrase ne peut résumer le ressenti d'un personnage dans son histoire, tout comme l'on peut deviner si une scène a existé rien qu'à la manière dont le personnage en parle, parce qu'il ne présentera qu'un mot, qu'une phrase, sans aucun des détails bien plus marquants. Comme il s'échinera à tout expliciter au lieu de laisser l'inexactitude prendre l'avantage.


Après, si cela concerne les informations de campagne, je préfère encore des éléments exacts que des approximations plus réalistes qui me retireront du lore.


Bon, c'est pas tout, mais je viens d'écrire tout ça pour ne pas avancer sur ce qui compte vraiment.



 

Sources et autres liens qui m'ont intéressée durant la rédaction :




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